mardi 13 décembre 2022

Comment préparer la paix avec la Russie?
Adopter le russe comme 25e langue officielle de l'Union Européenne

Preparing for peace with Russia?
Making Russian the 25th official language of the European Union

 

Photo posted by Arseny Jabiev
(@arsenyjabiev) 2015
FR
   Le drame de l'actualité européenne démontre à quel point les langues, même proches, peuvent devenir enjeu d'incompréhensions et de conflits entre les peuples. Pourtant, ces langues, au même titre que l'art, la science, le sport... renferment aussi un formidable potentiel de rapprochement et d'échanges. Ce n'est pas par hasard que le multilinguisme fut adopté comme l'un de ses principes politiques fondateurs par les pères et mères de l'Union Européenne. Dans le contexte guerrier actuel, l'adoption du russe comme 25e langue officielle de l'UE constituerait donc un pas historique et audacieux vers une résolution accélérée du conflit et vers une paix durable avec la Russie, voire une précieuse monnaie d'échange pour un retour aux frontières d'avant 2014. Cette mesure couperait également l'herbe sous le pied à l'image d'une Europe russophobe véhiculée à l'envi par la propagande poutinienne pour justifier sa violente agression envers l'Ukraine.

Avec une estimation de 5 millions de russophones natifs dans l'Union Européenne actuelle, le russe y atteint un niveau comparable à de nombreuses langues officielles. Grâce au bulgare, l'alphabet cyrillique est en outre déjà officiellement utilisé par l'UE. En Estonie et en Lettonie, environ 30% de la population est russophone, ce qui pose de manière aigüe tant le problème de reconnaissance de cette minorité, que celui du travail de mémoire préalable à toute réconciliation entre ex-oppresseur et ex-opprimé. L'adoption du russe comme nouvelle langue de l'Union serait donc l'occasion idéale de prouver que le multilinguisme et la connaissance de la culture de l'autre peuvent mener à des réconciliations réussies. Une fois n'est pas coutume, la Belgique en constitue une illustration inspirante, pays où une minorité germanophone de moins de 80 mille âmes bénéficie du statut de langue officielle au sein d'une population de plus de 11 millions d'habitants!

Adopter le russe comme langue officielle de l'UE serait donc une mesure simple, à la portée symbolique forte, pour tendre la main au peuple de Russie, en particulier aux personnes en fuyant ou en combattant le régime totalitaire actuel. Elle apaiserait les tensions au sein des pays baltes tout en préparant la future potentielle adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne de demain. L'Europe deviendrait ainsi enfin ce qu'elle aurait dû être dès sa création: un trait d'union, souverain et indépendant, entre les États-Unis et la Russie, plutôt que leur vassal ou leur champ de bataille.



---


EN  The dramatic events in Europe show to what extent languages, even those that are close to each other, can become a source of misunderstanding and conflict between peoples. However, these languages, just like art, science, sport... also have a tremendous potential for bringing people together and exchanging ideas. It is not by chance that multilingualism was adopted as one of its founding political principles by the fathers and mothers of the European Union. In the current warlike context, the adoption of Russian as the 25th official language of the EU would therefore be a bold and historic step towards an accelerated resolution of the conflict and a lasting peace with Russia, and even a valuable bargaining chip for a return to the pre-2014 borders. It would also take the wind out of the sails of the image of a Russophobic Europe that Putin's propaganda has repeatedly used to justify his violent aggression against Ukraine.

With an estimated 5 million native Russian speakers in today's European Union, Russian is comparable to many official EU languages. Thanks to Bulgarian, the Cyrillic alphabet is also already officially used there. In Estonia and Latvia, approximately 30% of the population is Russian-speaking, which raises the problem of recognition of this minority and the problem of memory work prior to any reconciliation between the former oppressor and the former oppressed. The adoption of Russian as the new language of the Union would therefore be the ideal opportunity to prove that multilingualism and knowledge of the other's culture can lead to successful reconciliation. Belgium is an inspiring example of this, where a German-speaking minority of less than 80,000 people enjoys official language status in a population of over 11 million!

Adopting Russian as an official language of the EU would therefore be a simple measure, with strong symbolic significance, to reach out to the people of Russia, in particular those fleeing or fighting the current totalitarian regime. It would ease tensions within the Baltic States while preparing for Ukraine's potential future membership of the European Union. Europe would thus finally become what it should have been from its inception: a sovereign and independent bridge between the United States and Russia, rather than their vassal or battleground.

jeudi 11 août 2022

1001 raisons pour le revenu universel:
5. reprendre le contrôle de notre économie

1001 reasons for universal income:
5. taking back control of our economy

John Maynard Keynes © Bettmann 1929

FR
   Lorsque l'on parle de revenu universel, la question du montant est l'une des premières à se poser, les propositions actuelles allant du simple (de l'ordre de 500€ par personne par mois) au triple (1500€ par personne par mois). À l'échelle individuelle, certains jalons semblent incontournables. Ainsi, le revenu universel doit être suffisamment élevé pour remplir ses objectifs primordiaux, à commencer par l'éradication de la pauvreté extrême. Inversement, il doit être suffisamment bas pour éviter certains de ses écueils potentiels, comme une oisiveté généralisée.

À l'échelle macroéconomique, un revenu universel trop élevé pourrait être difficilement finançable sans réforme majeure du système fiscal. Mais c'est surtout à cette échelle que le revenu universel, pour autant que son montant soit variable, pourrait se révéler un outil de conduite de l'économie bien plus puissant que les outils traditionnels. En effet, en jouant sur le montant versé mensuellement à chaque citoyen-ne, les gouvernements disposeraient d'un formidable levier de relance ou de frein de l'économie. Augmenter ce montant redonnerait confiance en période de crise et le diminuer permettrait au contraire de calmer le jeu en période d'euphorie, suivant ainsi la philosophie prônée par John Maynard Keynes entre et à l'issue des deux guerres mondiales.

Ce montant variable pourrait être fixé sur base de quelques indicateurs cruciaux, issus tant du monde social (taux de sans-abrisme, de recours aux banques alimentaires...) que du marché de l'emploi (métiers en pénurie) et du marché tout court (prix des biens et services). En communiquant de manière transparente, par exemple mensuellement, sur l'état de ces indicateurs, les gouvernements disposeraient d'un moyen de communication direct de la "météo économique". Ils auraient ainsi un impact psychologique immédiat sur les citoyen-ne-s, ce qui les encouragerait à mettre librement leurs comportements individuels au service du bien commun.

Envoi : et pour le lancement ?

Dans le même esprit, un montant variable permettrait un lancement du revenu universel en douceur. Ainsi, on pourrait imaginer de commencer par un montant symbolique de 1€ par personne par mois, histoire de mettre en place le système, puis de doubler la somme tous les ans... pour arriver au montant de 1024€ en dix ans. Outre l'intérêt pédagogique des puissances du nombre 2 (!), cette mise en place permettrait d'adapter le niveau du revenu universel à l'augmentation progressive des recettes fiscales nécessaires à son financement. En particulier, elle rendrait plus acceptable l'introduction progressive de nouvelles taxes écologiques vertueuses, comme une taxe climat ou une taxe biodiversité.

---


EN  When it comes to universal income, the question of the amount is one of the first to be raised, with current proposals ranging from the simple (around €500 per person per month) to the triple (€1500 per person per month). At the individual level, certain milestones seem unavoidable. In particular, universal income must be high enough to meet its primary objectives, starting with the eradication of extreme poverty. Conversely, it must be low enough to avoid some of its potential pitfalls, such as widespread idleness.

At the macroeconomic level, a too high universal income might be difficult to finance without major reforms of the tax system. But it is also at this level that universal income, as long as its amount is variable, could prove to be a much more powerful tool for steering the economy than traditional tools. Indeed, by adjusting the amount paid monthly to each citizen, governments would have at their disposal a formidable lever for stimulating or slowing down the economy. Increasing this amount would restore confidence in times of crisis and decreasing it would, on the contrary, calm things down in times of euphoria, thus following the philosophy advocated by John Maynard Keynes between and after the two world wars.

This variable amount could be set on the basis of a number of crucial indicators, drawn from the social world (homelessness rate, food bank use, etc.), the labour market (jobs in short supply) and the market itself (prices of goods and services). By communicating transparently, for example on a monthly basis, on the state of these indicators, governments would have a direct means of communicating the "economic weather". This would have an immediate psychological impact on citizens, freely encouraging them to put their individual behaviour at the service of the common good.

Envoi: what about the launch?

In the same spirit, a variable amount would allow a smooth launch of universal income. Thus, we could imagine starting with a symbolic amount of €1 per person per month, just to set up the system, then doubling the amount every year... to arrive at the amount of €1024 in ten years. In addition to the educational interest of the powers of the number 2 (!), this implementation would make it possible to adapt the level of universal income to the progressive increase in tax revenue necessary to finance it. In particular, it would make the gradual introduction of new virtuous ecological taxes, such as a climate tax or a biodiversity tax, more acceptable.